Parce que je suis Charlie

Aujourd’hui, j’aurais du vous publier un article sur Madère.

Et je n’en ai pas le cœur au vu des événements du jour…
Je serais incapable de mettre les mots sur ce que je ressens.
Parce qu’il n’y en a pas. Parce que cette horreur n’a pas de parce que, seulement un pourquoi…

Parce qu’en ce jour de drame, je n’ai pas le cœur à parler de futilités… Alors, pourquoi écrire un article complètement hors-sujet par rapport à ma thématique habituelle, ici, sur le petit espace de partage qu’est mon blog ? Pourquoi ce texte, dénué de toute poésie, mais empreint de craintes et de regrets ? … Ma plume n’est pas mon arme, j’en suis  désolée… Mais ce soir, j’ai besoin de parler.

Parce que ce soir, je suis touchée… Parce que je suis en colère … Parce que je suis bouleversée… Pétrifiée.

Parce que j’ai beau encore bénéficier de cette fameuse liberté d’expression, qui a valu la mort de 12 hommes, je me désole de ne pas trouver « Les Mots » …
Parce que la barbarie humaine n’a pas de limite …

Parce que tout cela n’a pas de sens…

Parce qu’en 2015, notre pays peut encore saigner. Parce que le chagrin me noue la gorge. Parce que des familles sont endeuillées…

Parce que pourtant, nous sommes le pays des Droits de l’Homme…

Parce que la récupération politique m’écoeure…

Parce que l’indifférence d’autres me stupéfie  …

Parce que notre impuissance face à ce type d’actes m’a interloquée …

Parce que les suspects seraient actuellement à 1heure à peine de chez moi …

Parce qu’en tant que « maîtresse », je m’évertue chaque jour à enseigner à mes élèves la tolérance à tous niveaux… et que dans quelques années, ils découvriront peut-être  comme moi qu’à l’échelle de notre société, celle-ci ne serait qu’une illusion que l’on fait miroiter devant nos yeux … Je ne leur souhaite pas.

Parce que des tas d’autres images et slogans beaucoup plus parlants ont circulé toute la journée sur les réseaux sociaux … « Je suis Charlie », « C’est l’encre qui doit couler, pas le sang », « Ceci n’est pas une arme, c’est un outil d’expression », « Pourquoi Papa est mort ? Il dessinait. », « 12 morts, 65 millions de blessés », « vous vouliez tuer Charlie; vous venez de le rendre immortel », « Comment peut t’on à notre époque, répliquer à des coups de crayon par des coups de canon », « L’amour est plus fort que la haine » et j’en passe …

…

Cette  journée n’est pas banale…
Parce que le 7 janvier 2015 restera gravé dans nos mémoires, au même titre que le 11 septembre… Parce qu’aujourd’hui, le temps semble s’être figé… mais demain est un autre jour et de nouvelles luttes vont s’engager.
Parce que demain, je vais devoir répondre aux questions de mes « enfants » :  mes élèves et leurs yeux apeurés.

Parce que l’après me fait peur… Parce que je redoute que les haines soient attisées.

Parce que ce soir j’aurais aimé n’être pas seule… Parce que je me sens « triste »…

Et impuissante.

Alors c’est à vous que je me confie …

Parce que je ne peux pas faire grand-chose à mon échelle sinon souhaiter de tout cœur que plus jamais un acte pareil  ne se reproduise, et toujours prôner cette tolérance qui peut-être un jour deviendra une réalité… Maigre consolation.

Parce que ce soir, je ne suis pas française, picarde, je ne suis pas Chloé, je ne suis pas maîtresse, je ne suis pas blogueuse, je ne suis pas gaffeuse, je ne suis pas moi… Je suis une citoyenne du monde, je suis Charlie, nous sommes Charlie… Parce qu’aujourd’hui, le « nous » importe plus que le reste, et que nous devons panser nos blessures.  Et préserver notre liberté de parole à tout prix…