Road-trip en Sicile: on a gravi l’ETNA à pieds !

Moins organisés que nous, tu meurs! En se réveillant ce matin, le programme de la journée est clair: direction l’ Etna ! Les modalités pour le découvrir le sont moins. On a lu que pour accéder au sommet du « Mongibello » (le mont des monts) qui nous nargue depuis une semaine, mieux valait emprunter un combo funiculaire / bus 4×4 / guide … pour une somme qui n’est guère modique! (67 euros par personne suivant les tarifs actuels me semble-t-il, mais j’ai trouvé par ici ce combo en visite guidée à partie de 45 euros par personne ).

Bref, revenons-en à nos moutons!

Ce n’est pas tant le prix que l’appréhension de gâcher notre rêve qui nous dérange. L’ETNA, le plus haut volcan actif d’Europe, constamment surveillé en raison de ses éruptions spectaculaires et effrayantes, est l’un des miens, et j’aurais l’impression de ne pas l’apprécier à sa juste valeur derrière une vitre de bus ou de téléphérique. D’un autre côté, sur la toile, on ne trouve guère mention de promeneurs l’ayant gravi à pieds, et on ignore si un chemin est aménagé pour ce ou pas… D’autant plus que nous ne sommes pas forcément bien chaussés. (Pensée pour Aymeric qui porte ses éternelles espadrilles)

On ne se prend pas la tête, et on se dit qu’on avisera une fois sur place. De plus, on a prévu de retrouver ma copine Carmen, professeur originaire de Marseille mais qui enseigne désormais à Montpellier après un an en Picardie, où nous nous sommes rencontrées. (La secte de l’Education Nationale, c’est pire que ce que vous imaginez!) On a découvert sur facebook qu’on avait toutes les deux programmé notre visite de l’ETNA  le même jour, coïncidence quand tu nous tiens!

On trouve facilement le refuge  de Sapienza, d’où démarre l’excursion. On se gare sur le grand parking, à deux pas des boutiques de souvenirs, et on achète quelque chose à grignoter en attendant Carmen. Pendant ce temps, notre coeur balance, notre esprit se mue en calculette. On y va, on n’y va pas? Le refuge se trouve à 1923m, le téléphérique monte jusqu’à 2 500m, le mini-bus à 2 920m.  1 000 mètres de dénivelé tout de même. En été, la neige est fondue, le terrain praticable… On n’est guère sportifs, enfin moi, un peu plus qu’Aymeric, mais j’ai quelques soucis de dos depuis 3 mois et je ne suis pas sûre qu’on puisse mettre les abdos-fessiers, la zumba et la montée de l’ETNA dans le même panier. Lui, de toute façon, me laisse aviser. Mais je déteste prendre des décisions que je pourrais être amenée à déplorer, haha!

D’un autre côté, on est venus là pour en profiter, et on est un peu fous dans notre tête… Alors c’est décidé, nous monterons au sommet de l’ETNA à pieds! (et en espadrilles, ouais!)

->NB Civitatis propose également des excursions autour de l’ETNA et de Taormine ici (durée: 7h). Lien affilié.

Après un petit coucou à Carmen, qui s’amuse de notre projet et nous retrouvera pour manger, on se lance à l’assaut du premier sentier… qui n’est pas tout à fait le bon. On s’en aperçoit rapidement, mais on se retrouve à s’enfoncer dans les cendres volcaniques et la poussière glissante sous les funiculaires pour rattraper le vrai  On se sent un peu honteux, on commence à renoncer à notre projet… Mais on est assez entêtés, comme personnes… Et on poursuit notre grimpée, sur les flancs quasi- désertiques du volcan.  Ça et là, pointent quelques eucalyptus, infimes touches de couleur dans un paysage lunaire, presque noir, et bordé de gros amoncellements de lave témoignant de son histoire tumultueuse. On peine à s’imaginer que sous nos pieds, la lave bouillonne et que la terre pourrait trembler subitement, alors que le paysage parait si calme et paisible. On ne rencontrera que 2 promeneurs au total lors de cette étape, ce qui est finalement assez surprenant et nous amène à nous demander si l’on ne s’est vraiment pas lancés dans une aventure insensée.

En effet, honnêtement, cette première partie s’effectue assez facilement, la pente est douce, la vue dégagée et magnifique (on aperçoit même un feu de forêt au loin!)… On se régale, et on en prend plein la vue! On ne regrette finalement pas d’avoir cédé à notre impulsion et de nous être lancés dans cette ascension.

NB: Je ne la conseille pas forcément à tout le monde non plus, cette première étape est longue et le dénivelé de près de 600m, ne vous y lancez pas à la légère! Cependant, en comparaison de Cava Grande del Cassibile par exemple, la marche était beaucoup plus agréable car le chemin très praticable. Chacun connaît ses capacités et son corps, le nôtre pouvait largement subir cette épreuve, à vous d’analyser le vôtre 😉 !

La pause déjeuner qu’on éternise (le temps passe si vite quand on n’a pas vu une personne depuis 2 ans!) refroidit cependant nos corps, les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir et on s’engage un peu moins vaillants dans la deuxième partie du trajet, celle qui s’effectue normalement en 4×4.

Là, on se remotive un peu en rencontrant -enfin- plus de promeneurs, bien décidés à gravir eux-aussi les derniers kilomètres à pieds. Pas question de ployer devant eux, après être venus jusque là^^! Si là encore les paysages nous laissent muets, nos jambes et les espadrilles d’Aymeric apprécient moins la traversée de cette étendue caillouteuse, presque sableuse, désormais vierge de toute végétation et marquée par une odeur de souffre de plus entêtante, qui nous fait toussoter. (Attention si vous êtes asthmatique.)

C’est à cet instant qu’on regrette de ne pas avoir acheté de chaussures de randonnée avant notre départ^^. Par endroits, le sol « chauffe » mais rien de bien méchant, le volcan a été bien calme ces derniers temps (NB :en 2016). On s’en tire pourtant pas mal, comme vous pouvez le constater, puisqu’on parvient tout de même au sommet… J’en pleurerais d’épuisement et de fierté!

On l’a fait!

Là-haut, on commence cependant à grelotter… Les températures descendent rapidement quand on approche des sommets… En marchant, on ne le ressent pas vraiment, mais en ralentissant le rythme pour observer les lointaines fumerolles , les cratères et les plaques de neige sur la lave bouillonnante, autant vous dire qu’on s’en aperçoit rapidement ;)! Prévoyez-donc de quoi vous couvrir (gilet, anorak… en fonction du temps et de l’humidité annoncés ce jour-là)

On s’imaginait naïvement que la descente serait plus simple que la montée. C’était sans connaître l’Etna… Pour rejoindre les 2 500m, on s’enfonce à une vitesse incroyable dans le sable noir, et on use nos dernières forces à maintenir notre trajectoire et nous dégager de ce sentier trompeur ;)! Les funiculaires cessent leur va-et-vient à 16h30. Lorsqu’on regagne le snack, environ une heure après, on ne croise plus âme qui vive sur l’ETNA, et on se sent bien seuls au monde. L’idée pourrait parfois être agréable, mais quelque peu oppressante quand on se rappelle que l’on est sur un volcan actif, « vivant » ;)! Les derniers 4×4 s’arrêtent pour nous demander où nous allons, nous leur expliquons que nous rebroussons chemin et regagnons le parking… Le stop ne fonctionne manifestement pas sur les sommets du volcan ^^!

On ralentit un peu le rythme, les soubresauts de la descente me font mal au dos , et puis on veut profiter un tant soit peu de cette belle lumière rase qui emplit les lieux, clôre dignement cette journée incroyable qui restera forcément à jamais gravée dans nos coeurs…

19 km, 208 étages selon l’Iphone, des espadrilles décédées, un dos en vrac (et qui le restera jusqu’à la fin du séjour 🙁 ) mais une des plus belles épopées de notre vie! Deux ans après, je me souviens de cette journée comme si elle avait eu lieu hier <3 et ne regrette absolument pas de nous avoir lancé ce défi extravagant!

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