[Cet article sur la Thiérache fait suite à une invitation de J’Aime l’Aisne. Je les remercie pour cette invitation qui n’entache en rien ma liberté éditoriale. Collaboration commerciale non rémunérée. ]
Il y a quelques semaines, j’ai été invitée à redécouvrir l’un des seuls territoires de l’Aisne encore assez obscurs pour moi : la Thiérache.
On ne va pas se mentir, mais pour moi, comme pour beaucoup d’axonais, la Thiérache a longtemps été synonyme de « rien ». Dans mon esprit orienté par les commentaires des uns et des autres, les qu’en dira-t-on, la région, située au nord-est de l’Aisne, aux confins des Ardennes, du Nord et de la Belgique, s’apparentait à un horizon tristounet, composé d’un patchwork de champs à perte de vues, et peuplé de moult vaches et de quelques fermiers, de fait. Sur le papier, l’on n’y trouve ni trains, ni commerces, ni musées… Dit comme cela, la Thiérache et mon article n’ont peut-être rien de vendeur… Pourtant, en Thiérache, c’est de la beauté de ces riens que naît le charme de ce tout. Je serais personnellement bien en peine de rester insensible à son arrière-plan vallonné, ses prairies bocagères à traverser à pieds ou en vélo, ou sa Vallée de l’Oise magnifiée par Stevenson lors de son périple en canoë entre Paris et Anvers. Le vert tapisse l’horizon, l’oxygène emplit les poumons.
J’avais plus d’une fois émis l’idée d’organiser un week-end sur ces terres verdoyantes, traversées plus d’une fois sur le chemin de la Belgique ou des Pays-Bas, et à une quarantaine de minutes à peine finalement de chez moi. Quelle idée, pensera-t-on peut-être ?! Pourtant, le dépaysement ne se compte pas en kilomètres, mais en aventures , et en ouverture… L’ouverture des yeux, l’ouverture du cœur, l’ouverture de l’esprit.
Et, au-delà de mon propos initial , il n’y a pas « rien » à faire en Thiérache. Bien au contraire. Outre ses paysages naturels se suffisant à eux-mêmes, la Thiérache recèle de vraies richesses patrimoniales uniques en leur genre, je pense notamment à ses églises fortifiées, son abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache , ou son célèbre Familistère de Guise …
Je vous présente donc aujourd’hui quelques idées d’activités à mener en Thiérache, et quelques adresses gourmandes pour apprécier son terroir , le territoire n’étant pas en reste sur le plan gustatif !
Parfondeval, labellisé comme l’un des « Plus beaux villages de France »
Visiter Parfondeval, l’un des plus beaux villages de France
Avec ses maisons en brique rouges, torchis et toits en ardoise, ce village labellisé comme l’un des « Plus beaux villages de France » est emblématique de Thiérache…. Je l’avais découvert en 2016 et vous en avais parlé ici. A l’époque, j’avais surtout apprécié sa place centrale découpée singulièrement par une mare, dans laquelle s’hydrataient autrefois les animaux avant que les maisons ne soient toutes raccordées en eau… Sept ans plus tard, j’ai pris le temps de découvrir son histoire et les anecdotes concernant son église à travers des visites guidées organisées par l’association les Amis de Parfondeval.
Sylvie nous attendait ainsi, de bon matin, au pied des fortifications de (l’église) Saint-Médard, l’une des plus pittoresques qu’il m’ait été donné de visiter en France. D’autres adjectifs un peu naïfs me viennent en tête pour la décrire : jolie, mignonne, touchante… et cocooning^^, mais je me dois d’être un peu moins niaise à l’écrit ! Une fois ses murailles menaçantes franchies, l’église de Parfondeval a en effet quelque chose d’attendrissant, de par son architecture mais aussi des anecdotes la concernant. L’édifice, avec ses briques et ses poutres en bois, son éclairage chaleureux, ne s’apparente pas vraiment à l’image froide qu’on se fait parfois des églises. L’âme des habitants du village l’empreint, ces derniers s’y étant investis tout au long des siècles, participant à sa restauration et agrémentant l’espace de pas mal d’éléments « recyclés » : l’autel est ainsi un ancien abreuvoir, le tabernacle est issu d’éléments de récupération… Un bel exemple de coopération.
Il nous restait un peu de temps avant de retrouver Bernard, notre deuxième guide de la journée, et Sylvie en a profité pour nous mener dans les allées du cimetière. Dit comme cela, cela peut paraître étrange ^^’, et pourtant, cette partie de la visite m’a vraiment intéressée, puisqu’elle nous a amenés à observer d’un autre œil et à apprendre à lire sur les plus anciennes tombes ces traces du passé riches en symbolique et en enseignements… Il y a bien des décennies, rien n’’était laissé au hasard…
Nous avons poursuivi notre matinée avec Bernard. Après nous avoir présenté son petit musée consacré à « L’école d’autrefois », thématique que je venais tout juste de travailler avec mes élèves, ce dernier nous a menés de ruelle en ruelle jusqu’au lavoir puis au Temple Protestant de Parfondeval, nous narrant au fil de la promenade l’histoire du village, l’incendie ayant ravagé sa place principale , l’évolution de sa population , la labellisation parmi les plus Beaux Villages de France… et commentant son architecture, les colombiers et fours à pain implantés au pied de chaque habitation. Une visite guidée très intéressante qui m’a amenée à prêter attention aux détails qui font le charme du village !
Suivre la route des églises fortifiées
A l’approche de certains villages thiérachiens, vous apercevrez peut-être ça et là une silhouette massive, une tour fortifiée se détachant de l’horizon… Bienvenue sur la route des églises fortifiées, le trésor caché et méconnu de Thiérache !
J’ai moi-même mis plus de deux décennies à découvrir ces châteaux-forts qui n’en sont pas, ces édifices religieux parés de murailles au XVIème siècle par les villageois eux-mêmes, lassés des pillages et ravages de guerres … En effet, aux confins du royaume de France, la Thiérache a longtemps été un territoire moins pacifique et pacifié qu’il n’y paraît !
Eglise de La Bouteille, Aisne
Une soixantaine d’églises ponctuent le chemin de 150 km que vous pourrez découvrir, si le cœur vous en dit, en voiture, en moto, à vélo… Il n’est bien entendu pas possible de toutes les découvrir en un week-end (et je pense que vous ne pourriez plus voir une église fortifiée en peinture, le cas échéant) ; nous avons quant à nous ciblé notre attention sur certaines des plus marquantes, j’imagine :
- L’église de Parfondeval, décrite ci-dessus
- L’église de Jeantes, avec ses 400m² de peintures murales et vitraux réalisées en 1962 par le peintre hollandais Charles Eyck, incroyable avec ses lumières uniques nuancées par la patte de l’artiste
- L’église de Plomion, une vraie forteresse avec son donjon, ses tourelles, ses meurtrières, ses échauguettes et sa salle de refuge. De récents travaux de rénovation permettent aujourd’hui d’accéder aux étages…
Pagayer sur l’Oise, sur les traces de RL Stevenson
En août 1876, l’écrivain Robert Louis Stevenson (L’Île au Trésor, L’étrange cas du docteur Jekyll et de M.Hyde …) s’attaque aux rivières du nord de la France. Au départ d’Anvers (Belgique), il descend alors la Sambre et l’Oise, pour rallier Pontoise (Val-d’Oise) à bord d’un canoë à voile. De ce périple naîtra, deux ans plus tard, Voyage en canoë sur les rivières du Nord.
Extrait «… Il n’était pas huit heures que les deux canoës étaient installés sur une légère charrette de campagne à Etreux. Nous ne tardâmes pas sur la route qui longe une riante vallée couverte de houblonnières et de peupliers. D’agréables villages étaient disséminés sur la pente de la colline : notamment Tupigny avec ses perches à houblon laissant pendre leurs guirlandes jusque dans la rue, et ses maisons tapissées de vignes avec leurs raisins. (…) Nous essuyâmes une ou deux averses, mais légères et fuyantes. L’air était pur et doux parmi tous ces champs verts et toutes ces choses vertes qui poussaient. Rien qui indiquât l’automne, dans le temps. Et quand à Vadencourt, nous nous embarquâmes au bord d’une petite prairie, en face d’un moulin, le soleil perça les nuages et fit resplendir toutes les feuilles dans la vallée de l’Oise »
Au départ d’Autreppes, Canoë Kayak Évasion propose de voguer sur les rivières de l’Oise et de Ton, la première étant relativement calme et tranquille pour les familles, la deuxième un peu plus sportive. Le canoë étant motif de rupture chez nous, nous avons donc préféré embarquer sur l’Oise et pagayer au cœur de ces paysages bucoliques tirés de cartes postales. Un vrai bol d’air, et une promenade au fil de l’eau hors du temps , qui a probablement été mon moment préféré au cours de ce week-end ! Je recommande , en couple, en famille, entre amis… L’accueil est adorable, le matériel est fourni (gilet de sauvetage, bidon…) et les tarifs sont très corrects. Neuf parcours sont proposés avec différents degrés de difficulté, à vous d’opter pour celui qui vous convient le mieux !
Parcours et tarifs : http://www.canoesurloise.com/parcours-et-tarifs/
Pédaler sur la Scandibérique
La Scandibérique est la partie française de l‘EuroVelo 3, itinéraire reliant Trondheim (Norvège) à Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne) sur près de 1 700 km.
A l’entrée de Guise, vous pouvez rejoindre en un clin d’œil cette dernière pour en parcourir , comme nous un tronçon, l’Axe Vert de Thiérache, aménagé le long de l’Oise sur une ancienne voie ferrée. A pieds ou en vélo, ce dernier est très apprécié des locaux !
Sur nos vélos loués chez Les Copains de Thiérache, nous avons ainsi gagné le désormais presque-célèbre village de Marly-Gomont, mis à l’honneur par Kamini dans la chanson éponyme, il y a 16 ans déjà… (j’ai l’impression que c’était hier ! )
La voie, qui serpente à travers les paysages bocagers thiérachiens, est parfaitement aménagée et sans dénivelé ! Entre prairies enherbées, villages de briques et sentiers ombragés, il est plus que plaisant de la traverser au printemps, tout en bénéficiant de couleurs chatoyantes !
Que faire également à Guise ?
- Visiter le Château-Fort de Guise, et pourquoi pas participer aux Ducales, sa fête médiévale annuelle
- Visiter l’incontournable Familistère de Guise (https://mysweetescape.fr/2017/05/15/visite-familistere-guise/), l’utopie sociale de Jean-Baptiste Godin et pourquoi pas son jardin d’agrément (https://mysweetescape.fr/2018/07/09/jardins-aisne/)
Où dormir en Thiérache ? Le Domaine de Ribeaufontaine, un havre de paix
Le Domaine De La Ferme De Ribeaufontaine a été un véritable coup de cœur ! Implanté dans un cadre champêtre et magnifique, le domaine offre une parenthèse paisible et hors du temps. L’arrivée sur le site, sous le couvert des arbres, plonge tout de suite dans l’ambiance ! Une mare, une silhouette pittoresque… Le week-end s’annonce authentique !
Mi-gîte, mi-chambre d’hôtels, l’établissement est un site dépaysant, idéal pour un week-end ressourçant en pleine nature , offrant de belles balades dans la campagne alentour, mais également quelques instants bien-être autour de la piscine chauffée toute l’année , l’espace convivialité très cosy ou la salle de sport.
Nous avons quant à nous dormi dans la chambre Insolite, une chambre double avec un petit coin cabane pour faire dormir un à deux enfants. Très joliment décorée, celle-ci était également très confortable avec son matelas d’eau !
Encore merci à Ludovic pour son accueil chaleureux !
Où manger en Thiérache ?
Le Restaurant de La Halle -12 Rue De Chigny, 02120 MARLY-GOMONT
Quelle jolie surprise que le restaurant de la Halle ! Je n’avais pas consulté de photographies de l’établissement en amont et ai été agréablement surprise par cette adresse , implantée au milieu de nulle part, dans un cadre bucolique, au sein d’une ancienne gare réhabilitée : la cuisine se fait même au niveau des wagons ! L’accueil est simple, très chaleureux, et renforce le côté convivial du lieu. Les plats à la carte, concoctés maison, et à base de produits frais et locaux, sont plus tentants les uns que les autres ! J’ai, sans surprise pour ceux qui me connaissent, jeté mon dévolu sur une raclette à base de fromage de la Ferme du Pont des Loups , un régal avec des ingrédients de qualité !
Le Jardin, 50 Rue Alfred Chollet, Guise
J’avoue… Je connaissais déjà l’adresse pour y avoir déjeuné plus d’une fois lorsque je travaillais à Guise, il y a bientôt 10 ans. Aymeric et ses collègues s’y rendent également régulièrement. Le service est parfois un peu long, et le restaurant souvent complet à vrai dire, ceci explique peut-être cela… 😉 Cependant, qualité et générosité sont au rendez-vous dans les assiettes, cuisinées maison, et ce à des tarifs très abordables.
La Taverne du Château. 34 place de la Poterne, 02120 Guise.
Une adresse à découvrir absolument , tant pour l’accueil que pour la belle expérience gustative qu’elle propose avec sa cuisine goûteuse et du terroir ! Qualité et raffinement sont au menu, saveur et savoir-faire également . Les assiettes élaborées mettent en avant des produits de qualité issus de circuit courts. Bref, une adresse incontournable à Guise !
1 Commentaires
c’est beau, c’est classicisme et c’est calme, c’est un bon endroit pour trouver la paix en wekken