Question primordiale, non ?
Effectivement, au premier abord, on peut se demander si ce type de croisière où l’on conduit soit-même le bateau loué est accessible à tous…
Je répondrais … Oui, MAIS…
Les canaux sur lesquels on navigue…
OUI…
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Oui, car les bateaux proposés à la location se conduisent sans permis.
Une petite instruction est organisée par la compagnie juste avant le départ, pour vous inculquer les rudiments de base de la navigation (amarrage et nœuds, tenue de la barre…) Notre capitaine, mon père, est marin, et nous avons sauté cette étape qui aurait finalement été une pure perte de temps. Ma mère et moi avons quant à nous expérimenté ces notions sur le tas.
Conduire le bateau n’est pas très compliqué :il n’y a que trois positions : le neutre, en avant et en arrière (il faut pousser la commande du moteur pour avancer, et la tirer pour aller en arrière…)
Il faut toutefois être concentré en permanence, faire attention aux remous, aux courants traversiers, aux entrées et sorties d’écluses, aux obstacles… « Vigilance constante ! » est le mot d’ordre, pour citer Maugrey Fol Œil. Comme en voiture, finalement…
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Novice, j’ai tenu la barre à plusieurs reprises…
…et m’en suis tirée avec brio (j’exagère à peine^^). Au début, on trace pas mal de S, ou on tient trop sa gauche… Et puis, on s’y fait… !
Il ne faisait pas très chaud ce jour-là, j’ai sorti la doudoune :D!
=> Donc OUI, ces bateaux sans permis sont censés être maniés par tous, petits ou grands, quel que soit votre âge ou votre métier.
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MAIS, mais mais…
Pour cette croisière (à l’est de la France),
en cette saison (début de l’automne, vent fort)
, et dans notre cas (des vacances sans encombres sont des vacances trop calmes, donc il nous arrive toujours quelque chose),
la présence de mon père (marin!) nous a été indispensable. A moins d’être réactifs, débrouillards et peu craintifs, je crois que certaines des situations rencontrées lors de notre croisière auraient mis en difficulté une grande majorité des novices.
Je pense notamment à :
1) La tempête.
Deuxième jour de navigation : nous déjeunons, tranquillement amarrés à notre piquet. Je vous épargne les détails : une forte bourrasque nous a délogés de notre débarcadère de fortune en arrachant l’amarre du bord, et propulsés en travers au beau milieu du canal. Naviguer sur ces canaux agités sous un ciel menaçant et zébré d’éclairs n’a pas été une mince affaire, d’autant plus que le moteur de notre Crusader n’était que peu puissant pour affronter le vent^^ !
Mon père a préféré rester sur le pont, pour avoir une meilleure visibilité …
2) L’écluse bloquée, en pleine tempête.
En nous arrêtant pour déjeuner, nous avons « interrompu » le processus d’ouverture automatique des écluses. (On pourrait dire que nous avons eu la chance d’éprouver la plupart des cas de figure improbables qui puissent arriver lors d’une croisière fluviale.) Impossible de faire demi-tour (nous avons essayé). Mon père a dû descendre sous cette pluie battante pour nous amarrer, en équilibre, sur des estacades étroites et glissantes, et appeler quelqu’un par le biais des interphones que l’on trouve dans chaque écluse. Sympa non ?
/ !\ Evidemment, pour échapper à cette tempête quelque peu imprévue (l’Alsace n’était pas en alerte, et pourtant…), le tout aurait été de rester amarrés dans un port, en sécurité. Mais comme la météo semblait se maintenir (et qu’on nous avait assuré la veille que l’Alsace ne serait pas touchée^^), nous avions appareillé quelques heures plus tôt sans nous douter qu’il y aurait plus que des trombes d’eau qui nous tomberaient sur la tête.
Imaginez la même scène sous un ciel orageux et des trombes d’eau.
3) Les écluses en panne à la suite de la tempête.
Lors de nos derniers jours de navigation, nombre d’écluses étaient bloquées par des feuilles et branchages arrachés par le vent lors de la tempête. En soit, n’importe quel navigateur novice peut faire face à cette situation (il suffit d’amarrer et de descendre manger tranquillement en attendant l’arrivée d’un employé de Voies Navigables de France), mais notre ex éclusier (mon père a pratiqué cette fonction pendant un an avant de repartir naviguer en haute mer) a tout de même tenté de se débarrasser par lui-même de ces obstacles encombrants. (photos ci-dessous)
De plus, le même cas de figure rencontrée lors de la tempête s’est reproduit, et nous avons à nouveau dû nous amarrer sur des estocades étroites pour descendre du bateau et appeler du « renfort ».
4) La batterie du bateau en panne.
Les batteries des navires de croisière sont quelque peu fatiguées à la fin de la saison. Là-encore, il ne faut pas céder à la panique parce que vous êtes bloqués devant une écluse et ne pouvez plus redémarrer…
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En résumé :
Si vous êtes tentés par le tourisme fluvial, foncez !!
Comme je l’ai dit dans mon précédent article, appréhender une région de cette manière est une expérience unique, qui permet d’aborder d’un rythme tranquille des paysages sous un angle totalement différent. Je pense que ce type de croisière doit aussi beaucoup amuser les enfants.
N’hésitez pas à poser toutes vos questions à l’équipe chargée de votre initiation avant votre départ, cependant… L’équipe de Le Boat a été très présente pour nous , que ce soit avant ou pendant la croisière, et portent beaucoup d’attention à vos questions et/ou suggestions. N’hésitez pas à leur faire part de vos appréhensions, je pense qu’ils sauront efficacement vous conseiller!
Cette année, octobre ne m’a pas paru pas être le meilleur mois pour embarquer à bord d’un bateau sans permis ^^ , pour les raisons précédemment évoquées (climat capricieux, batteries fatiguées…)… bien que les couleurs de l’automne donnent un aperçu magnifique des paysages de notre pays. Mieux vaut ne pas prendre de risque, et faire vos premiers pas de marins au printemps, en été, ou au tout début de l’automne si besoin. (D’ailleurs, nous avons fait la dernière croisière de la saison, les bateaux rentraient ensuite au siège pour « la trêve hivernale ».)
24 Commentaires
C’est très instructif, merci de partager ton expérience! 😉
🙂 De rien 🙂 Le dernier article sur ce type de croisière est planifié pour lundilundi, j’y donne plus de détails sur l’ensemble de l’organisation:)
Très intéressant article et complet. Vu comme ça, ça donne envie (malgré les péripéties) et c’est vrai que ça peut être une idée originale pour changer un peu de genres de vacances.
Je garde ça dans un coin de ma tête comme idée.
Merci.
ps : sympa la doudoune bleue, pas besoin de gilet fluo pour être vue de loin ! 😉
Bon, aussi, il faut préciser que nos vacances se déroulent rarement sans péripéties ^^ »
Oui, c’est original, et cela donne une autre vision de certains coins de la France, j’en garde un excellent souvenir^^
PS: elle est trop classe ma doudoune 😉
Franchement c’est un truc qui me plairait, comme style de vacances que j’envisage un jour.
Je ne connaissais pas du tout ce type de croisière avant de la gagner , mais j’ai trouvé le concept très chouette 🙂 !
Merci pour toutes ces infos!!! Ca me tenterait bien de le faire un de ces jours, je pourrais t’emprunter ton père?^^
Héhé, un père, ça ne se prête pas voyons ;)!
Haha c’est pas possible, vous avez la poisse ou quoi? 😀 C’est marrant de lire tes aventures fluviales. 🙂
Je m’imagine tout à fait tracer des S, ce qui m’est arrivé la seule fois où j’ai tenté de mener une barque… alors un bateau, n’y pensons meme pas! >_<
🙂 On s’y fait, ne t’en fais pas! Il faut juste se concentrer sur les courants, et puis après, cela va tout seul ! (comme en voiture^^)
Au début, mes deux matelotes écrivaient « Simone Signoret » dans le canal…mais à force de leur donner des consignes, elles étaient devenues pratiquement aptes à avoir leur brevet les deux derniers jours. Autrement, il est certain que prendre un bateau en certaines conditions ne doit pas être de tout repos lorsque l’on est pas du métier. Il est vrai que tout s’apprend. Mais, lorsque les manœuvres d’éclusage ou d’accostage sont effectuées rapidement, cela laisse plus de temps pour visiter. Mais ce fut une superbe expérience.
N’oublie pas qu’une de tes matelotes était quelque peu handicapée et ne pouvait pas sauter à volonté sur les quais ;)! On s’est quand même bien débrouillés, oui !
Effectivement, c’était une chouette expérience, très originale!
Le concept a l’air sympa mais plus au printemps, je pense, du coup ?
Oui, ou en été 😉 !
Heureusement que ton père était là, dis-donc :). Mon beau-frère a son permis bateau, il nous a proposé de louer un voilier pour une semaine en Croatie… On va lui faire confiance 🙂
Oh, ça doit être extra aussi! Ca donne envie^^!
La dernière fois, j’ai parlé avec une femme qui avait exploré les côtes corses en bateau, ça avait l’air super :)!
C’est un truc qui me tentrait bien au final, mais par beau temps 😉
Tu as tout compris 😉 Quand on débute, c’est plus sûr je trouve!
ah ah pas pour les marins d’eau douce alors ? … ça doit être vraiment sympa en effet, mais il faut s’attendre à des petites difficultés éventuelles … ou alors tu me prêtes ton papounet ? 😀
Il commence à être demandé, je vais m’occuper de son planning 😉
Oh, c’est largement faisable pour des marins d’eau douce, quand la météo s’y prête :)!
Oooooooh, si je comprends bien, pour 2014 je vais être obligé de quitter le métier de marin d’eau salée pour devenir marin d’eau douce !!! Ce n’est pas déplaisant de voyager sur les canaux et visiter la France à travers ceux-ci ne me déplairaient pas du tout. Par contre, je pars avec une matelote expérimentée !!!!!
C’est une expérience qui me tenterait bien je pense…
Merci pour cet article instructuf et qui fait voir les différentes facettes de la croisière fluviale.
Je crois que depuis que j’ai lu ton autre article sur le sujet, c’est quelque chose que je vais avoir envie de faire un jour. Je retiendrais le nom de cette compagnie !
Petite note tout de même, on n’est jamais à l’abri d’une tempête, quelle que soit la saison, j’ai vu des printemps exécrables, des été pluvieux et des automne très calmes 🙂
Oh, oui, le printemps de l’an dernier était pas mal dans son genre aussi…!