Road-trip en Croatie: Les lacs de Plitvice

Jour 6       Deuxième réveil matinal, un peu fiévreux pour ma part après une petite insolation/déshydratation la veille sur l’île de Brač… Les yeux qui piquent, la tête en vrac, vaguement nauséeuse, je me traîne jusqu’à notre voiture et me rendors sur la route de Plitvice…

Vous savez, le parc national qui nous fait tant rêver mais est situé à un peu plus de 2h30 de Split… Celui que nous avions initialement prévu d’ignorer délibérément et de nous réserver, qui sait, pour un prochain séjour en Croatie.

Nous ne nous sommes décidés que tardivement à nous aventurer et à faire l’aller-retour dans la journée.

Une petite folie.

Mais Krka nous a tant subjugués que je ne m’imagine plus passer à côté et attendre quelques années pour découvrir cet entrelas de seize lacs étagés sur près de 8kms, ces dizaines de pans d’eaux se déversant les uns dans les autres au moyen de 92 cascades créées par la sédimentation d’un calcaire particulier, ces 26 000 hectares de forêts luxuriante peuplée d’ours, de lynx, ou de loups. Nous n’aurons pas le loisir de rencontrer ces derniers, (bien heureusement) cachés dans les zones les plus reculées du parc, mais ferons plus amplement connaissance avec les dizaines de libellules papillonnant à nos côtés. C’est la première fois que j’en observe d’aussi près, et j’ai l’impression d’avoir retrouvé l’innocence de mes 5 ans…
« Jardins du diable » comme ils ont parfois été surnommés au regard de leur histoire (et des différents affrontements qui s’y sont joués)?

Jardins d’Eden aujourd’hui à mes yeux.

Notre entrée dans le parc n’est pourtant pas des plus engageantes et nous entamons alors un petit parcours du combattant: après avoir peiné à trouver une petite place au cœur du labyrinthe forestier qui sert de parking ici (un véritable dédale, faites bien attention où vous êtes garés), il nous faut encore attendre près d’une heure sous un soleil de plomb pour acquérir nos billets (25e en pleine saison).

Ma patience légendaire est mise à rude épreuve, d’autant plus qu’aucun stand ne propose de glaces pour tuer le temps ! Ah, voyagez en juillet…

J’appréhende un peu la foule dans l’enceinte même du parc, j’espère assez égoïstement pouvoir l’arpenter en toute tranquillité.

Le parc est si immense que divers parcours de randonnée y sont proposés, de manière à ce que chacun y trouve son compte et que les chemins n’y soient pas trop engorgés.
Nous décidons de nous en tenir au parcours classique, et d’explorer ce petit bout de paradis tant que possible à pieds.
Sur le plan, sont indiqués des petits trains permettant de gagner le point le plus haut du parc poétiquement rebaptisé… St 4…., et les douze premiers lacs, dénommés «lacs supérieurs» (Gornja jezera). Nous embarquons à bord de ceux qui sont en réalité des bus à remorques et, incapables de décoller le nez des vitres, nous laissons conduire au cœur de ce camaïeu de bleus et de verts, posant le cadre d’une journée spectaculaire, dédiée au rêve et à la contemplation…

Je considérais cette entorse à notre trajet initial comme une folie.

Finalement, il aurait été bien plus déraisonné de ne pas céder à ce caprice.

Toute la journée, nous arpentons les allées du parc, alternant émerveillement … et émerveillement… au coeur de ces gorges calcaires, oubliant le monde qui nous environne. Je ne sais pas tout à fait comment, mais nous réussissons à nous perdre dans ces sentiers pourtant presque tous balisés, bien décidés à descendre de lacs en lacs, cascades après cascades, sous une myriade de scintillements et de reflets. Jamais je n’ai vu des eaux si bleues et si limpides, et je ne cesse de m’extasier de leur pureté… (La note Glam’: Aymeric pense que ces eaux sont saupoudrées de Canard WC tant leur couleur paraît irréelle…  Je précise également que je n’ai apporté aucune modification à mes photos originelles…)

Nous ne sommes plus que deux, le temps semble s’être arrêté et avoir cédé sa place à un arrêt sur images parfait, empreint d’amour et de poésie, sur lequel nous cheminons main dans la main, achevant de peaufiner le nouveau lien que nous avons tissé au jour de notre départ en Croatie.
Les heures suivantes s’ écoulent en un souffle, et mon cœur est prêt à exploser. Mon appareil photo en fait les frais, mais je me sens bien incapable d’immortaliser dignement cette beauté. De méandre en méandre, nous écrivons au sein de nos esprits le récit de notre coup de cœur pour Plitvice, inscrivant son point final sur une chute géante de près de 100m… Panorama saisissant, surplombant cet entrelacs de nuances bleutées, révélateur des merveilles qui ont animé notre journée …

Les lacs de Plitvice forment le plus beau joyau et même miracle de la nature qu’il nous ait été donné de voir jusqu’à présent. Une allégorie de la Nature avec un grand N… Si le paradis existait, il se prononcerait Plitvitsè.…

Des étoiles plein les yeux…

On se retrouve très vite avec la suite de nos aventure croates…