[Cet article sur Maubeuge et la Salle Sthrau fait suite à une collaboration entre le Collectif des Blogueurs Hdf et Nord Tourisme. Je les remercie pour leur organisation et pour cette invitation qui n’entache en rien ma liberté éditoriale.]
Il y a peu, Aymeric et moi avons pris la destination de Maubeuge pour une petite journée en compagnie du collectif des BlogueursHdf. Soyons francs, la destination ne fait guère rêver… d’autre chose que d’un clair de lune ! Je ne connaissais pas la célèbre chanson reprise par Bourvil avant notre passage , et autant vous dire que je me suis couchée moins bête ce soir-là ! Comme bien des endroits, Maubeuge souffre des clichés qui l’entourent, et est bien souvent associée à une ville triste et austère, repoussante, décrépite… Autant vous dire que tout cela n’attire guère les touristes !
Comme pour nombre de ses comparses mal-aimées, je ne m’étais jamais aventurée dans ses environs et ai malgré tout choisi de lui donner une chance… Découvrir, c’est aussi ouvrir son esprit, poser un regard neuf et objectif sur un lieu. Cette optique nous a valu de belles surprises, comme à Lens, au Havre, à Noyon… Le charme a-t-il opéré à Maubeuge ?
Oui et non. Personnellement, et je dis bien personnellement, je n’ai effectivement pas trouvé la ville dans son ensemble très harmonieuse. On ne va pas se mentir , le centre-ville est un peu tristounet , et peu engageant… J’essaie toujours d’être objective et honnête ici, et je le suis. Attendez cependant une petite minute avant de quitter le site et/ou me taper dessus, je n’ai pas fini de développer ma réflexion. J’en parlais quelque peu dans mon article sur le Mans, mais le voyage, à mon sens, ne consiste pas seulement en une quête de « beau », « gracieux », « grandiose » ou pire, « instagrammable ». (Et sur ce point, on peut pourtant trouver son bonheur à Maubeuge !).
Pour apprécier à leur juste valeur les richesses de notre pays et du monde généralement, il faut également s’y immerger , s’attarder sur le reste, et finalement le plus important… L’histoire des lieux, leur âme, leur authenticité, leur(s) singularité(s), les personnages qui les façonnent… Leurs secrets… L’Office de tourisme de Maubeuge et de l’Avesnois l’a bien compris, en axant sa communication et son hashtag autour de ce thème : « Partage ton secret »…
(Nota bene : C’est un peu le même principe que lors de rencontres amoureuses : s’en tient-on uniquement au physique ? Ce serait bien triste, et beaucoup de couples seraient voués à l’échec !)
(Nota bene 2 : On peut également faire le parallèle avec la nourriture / les restaurants : les meilleurs plats et restaurants ne sont pas toujours les plus élégants !)
C’est ainsi que mes camarades et moi avons tenté de « vivre » Maubeuge, de creuser au-delà des apparences et de remonter le temps, les époques, et les courants architecturaux…
Visiter la Salle Sthrau
En vérité, cette salle art déco récemment rénovée pour retrouver son faste d’antan était le principal motif de notre visite à Maubeuge.
Édifié en 1624, l’édifice était à la base une chapelle du collège des jésuites, désacralisée et transformée en écuries lors de la Révolution française avant d’être reconvertie en salle de bal, la « salle Sthrau », du nom d’un soldat réputé pour sa bravoure…
Salle de bal
Le lieu est en grande partie détruit lors de la première guerre mondiale : seule la façade de style baroque, et que vous pouvez donc encore admirer, échappe aux bombardements. La salle n’est plus qu’une coquille vide, dont la réhabilitation est confiée aux frères Lafitte durant l’entre-deux-guerres. Ces derniers conçoivent alors une salle des fêtes monumentale, et surtout, un petit joyau de l’ Art Déco, que nous avons eu la chance de visiter lors d’une visite sensorielle.
La salle n’est en effet pas ouverte de manière permanente au public, et j’avoue que c’est bien dommage tant elle vaut le détour. Pour la visiter, il faudra ainsi attendre le printemps de l’Art Déco (aux mois d’avril et mai dans les Hauts-de-France) ou vous inscrire à une visite de groupe ouverte à partir de 15 participants le jeudi.
De l’extérieur, l’édifice peut peut-être paraître quelque peu austère, avec sa façade de briques rouges ornées de quelques symboles religieux rappelant la fonction originelle du site… Il vous faut cependant vous approcher un peu plus près de sa majestueuse porte en fer forgé , et admirer les détails de sa ferronnerie incarnant une musicienne jouant de la lyre… en hommage à la nouvelle fonction donnée au lieu lors de sa reconstruction… pour mieux apprécier sa beauté et son originalité !
Une première approche des grands préceptes de l’ Art Déco omniprésent dans les Hauts-de-France… Pour faire simple, cet art -quant à lui complexe- épuré, tout en volutes et en couleurs, se permet toutes les excentricités tout en mêlant ordre, géométrie, et symétrie ; en s’inspirant de l’art antique ; en employant de nouveaux matériaux ; et en recherchant encore et toujours la lumière…
Si nous avions eu un questionnaire à remplir lors de notre visite, nous aurions ainsi pu en cocher toutes les cases et je vous conseille de découvrir à votre tour la Salle Sthrau si vous êtes amateurs d’Art Déco ou d’architecture plus généralement!
Car au-delà de ses influences, l’Art Déco incarne surtout un nouvel esprit, et la volonté de retranscrire l’euphorie, le bouillonnement, la joie, et l’effervescence qui animent la France au sortir du douloureux cauchemar que représente pour elle la Première Guerre Mondiale, l’un des conflits les plus dévastateurs qu’elle ait pu connaître.
Les années Folles.
Durant quelques dizaines de minutes, nous avons ainsi été téléportés au cœur d’une décennie festive, marquée par le renouveau, et avons découvert les différents espaces de cet incroyable bâtiment : son hall d’entrée majestueux surplombé d’un escalier symétrique monumental, son bar orné d’une voûte fleurie, ses vitraux chatoyants, ses hauts plafonds, et bien entendu, son exceptionnelle salle de bal avec ses fresques et son plafond alvéolé. Le tout est sublimé par une lumière omniprésente, qu’elle soit naturelle (en pénétrant dans la salle par d’immenses verrières , coupoles, et vitraux) ou artificielle : les luminaires en ferronnerie, ornés de masques représentant la tragédie ou la comédie au théâtre, sont tout bonnement sublimes ! Tout est beau, époustouflant, tout en détails et en finesse. La Salle Sthrau est une petite pépite méconnue…
A noter : Pour le côté un peu plus « rigolo », vous pouvez vous amuser à chercher dans chaque pièce la marque de fabrique des frères Lafitte, un petit escargot !
Juste à côté de la salle Sthrau, il y avait une entreprise artisanale de miels et confitures, le 235, mais celui-ci a brûlé. L’un des associés est décédé, et on sait que l’autre s’est installé à Chantilly.
Rencontre avec de Sofiane Chalal
Il y a ces lieux qui font Maubeuge, oui… Mais derrière ces murs, il y a aussi ces habitants… désireux d’insuffler un nouveau souffle à leur ville et de redorer son blason.
Car oui, il y a de la vie à Maubeuge, et ce n’est pas Sofiane Chalal, danseur, artiste et chorégraphe, vice champion du monde de hip-hop en 2008, qui prétendra le contraire. C’est ici qu’il a vu naître et se développer son talent, et qu’il continue à transmettre sa passion en enseignant la danse au sein de l’association « Secteur 7 ». Artiste accompli, il prépare en ce moment un nouveau spectacle mêlant danse, et théâtre, qu’il produira bien entendu sur la scène du Théâtre « le Manège », qui propose aux maubeugeois une belle programmation culturelle à petits prix.
En attendant, il a improvisé en plein cœur de la salle de bal de la Salle Sthrau une petite leçon d’initiation à la danse hip-hop à mes compagnons #BlogueursHdf (je n’y ai pas participé, étant quelque peu embêtée ce jour-là avec mes soucis de cervicales), qui, je trouve, se sont montrés plutôt doués ! Comme quoi, un bon professeur peut faire des miracles…^^
Et si vous n’en êtes pas convaincus, vous pourrez toujours vous promener un samedi après-midi dans les rues de Maubeuge, et y croiser les talents montants de l’association Secteur 7 en cours de répétition sous un kiosque…
Découvrir l’œuvre de Lurçat, l’architecte qui a inspiré Auguste Perret ( ?) et l’inventeur des toits-terrasse
Amateurs d’architecture et d’urbanisme, vous devez absolument flâner dans le centre-ville et découvrir l’œuvre de Lurçat, architecte en chef de la reconstruction de la ville à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, aujourd’hui exposé à Beaubourg, et qui, de fait, a donné son nom à un lycée de Maubeuge. La tâche qu’il entreprend dépasse le domaine strict de la reconstruction des logements sinistrés ; il tente de mettre en place son utopie d’inspiration très communiste, une ville dans qui ne laisse pas place aux inégalités… Il surélève la rive droite de la Sambre, fait bâtir environ 200 commerces et plus de 650 logements aux plans identiques et dont la hauteur est limitée à 4 niveaux, crée un nouveau réseau de rues organisées en îlots aérés et entrecoupés d’espaces verts.
Eglise Saint-Pierre Saint-Paul
On nous a expliqué qu’André Lurçat aurait inspiré Auguste Perret, le célèbre architecte de la cité éponyme au Havre, ou d’une immense tour bétonnée à Amiens… N’étant guère experte dans le domaine, il serait difficile de dire qui a inspiré l’autre, ou pas, mais il est vrai que les 2 architectures présentent des similitudes, tant dans l’organisation rationalisée de l’espace que dans l’apparence de certains bâtiments. Je pense notamment à l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, l’œuvre commune d’André Lurçat et Henri Lafitte, située au 1 Rue de Valmy, le porche se trouvant quant à lui avenue Franklin Roosevelt. Vaste bloc de béton armé dominé par un clocher de 43 m, l’édifice surprend au premier regard.
J’ai personnellement beaucoup apprécié ce dernier… et son architecture particulière, reflet de la pensée de son créateur, qui pensait que toutes les religions étaient les mêmes et qu’à terme, elles disparaîtraient. Son église avait donc vocation à devenir une salle de spectacle, qui pouvait accueillir jusqu’à 1000 personnes…
Il revisite ainsi la vision traditionnelle de l’église, proposant une vision neutre et contemporaine du chemin de croix, de la Trinité, des vitraux… sans oublier de laisser une large place à l’entrée de la lumière (le clocher, éclairé de briques de verre, et adjoindre une tour cylindrique menant à un carillon de 28 cloches).
Entrée libre
Déjeuner à la Rotonde, comme les locaux
Le café – brasserie, situé à deux pas du zoo (16 Avenue Albert 1er, 59600 Maubeuge), propose une large variété de plats maison et généralement accompagnés d’excellentes frites à prix mini ! Je me suis ainsi vu servir une énorme fricadelle à moins de 5 €, avec une belle vue sur l’Office de Tourisme Intercommunal, place Vauban. Le lieu serait très populaire à Maubeuge, notamment les soirs de match !
Une balade digestive autour des fortifications de Vauban
Comme dirait Aymeric, les frites, c’est la vie… mais cela pèse quelque peu sur l’estomac^^ ! Nous avons donc terminé l’après-midi en douceur par une balade digestive autour des fortifications édifiées par Vauban édifiées à la fin du XVIIe siècle et remarquablement bien conservées puisqu’il en subsiste encore les 2/3, l’autre tiers ayant été démantelé à la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour permettre l’expansion de la ville redessinée par Lurçat.
Des quatre portes originelles, seule la porte de Mons a conservé intact son complexe défensif et le corps de garde de sa demi-lune. Deux bassins défensifs ont été conservés sur le front sud-est et transformés en étangs de pêche. L’ensemble aujourd’hui verdoyant et agréable à arpenter, permet de se faire une idée sur l’art et la manière de défendre une place forte au XVIIème siècle… et aujourd’hui… puisque quelques cygnes y ont élu abri et ne sont manifestement pas toujours disposés à vous laisser les approcher 😉 !
Et aussi à Maubeuge :
Il faut le mentionner , la ville est très réputée pour son parc zoologique (entrée : 9 euros) qui héberge une soixantaine d’espèces originaires des 5 continents. Nous n’avons pas désiré le visiter, pour des raisons évidentes : le sujet est délicat, et notre avis désormais mitigé sur les parcs pour animaux, qui, certes, comme à Maubeuge, participent parfois à leur sauvegarde et à la conservation des espèces… mais qui exportent tout de même les animaux hors de leur habitat naturel… N’ayant à l’heure actuelle nous pas d’avis définitif sur le sujet, et chacun étant libre de ses choix et de se formuler sa propre opinion, nous préférons éviter d’y pénétrer mais les mentionnons tout de même pour les intéressés ! ^^
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2 Commentaires
Rien de plus beau que l’Art déco !