Visiter le Site le Corbusier , son église et son unité d’habitation (Firminy) 

« Cet article sur le site Le Corbusier à Firminy participe au rendez-vous mensuel #EnFranceAussi organisé par « Le coin des voyageurs » et Eimelle du blog « Tours et Culture » .

 

J’aimerais reprendre plus régulièrement l’écriture par ici, et ai décidé cette année de me booster un peu en participant dès que possible aux rendez-vous mensuels organisés par le Collectif « En France Aussi ». Le premier thème de cette année 2023, « Classé », m’a tout de suite évoqué la Cité Le Corbusier à Firminy, un lieu que j’avais adoré découvrir lors de notre séjour dans la Loire. Je m’étais même promis de lui consacrer un article dédié… L’occasion était trop belle !

 

 

Le Corbusier en quelques mots

 

Vous avez forcément déjà entendu parler de Charles-Édouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier, l’un des plus célèbres architectes du XXe siècle… mais pas que ! Urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur, homme de lettres, designer… Le Corbusier possède plusieurs cordes à son arc ! Celui-ci est notamment considéré comme l’un des fondateurs de l’Architecture Moderne, et connu pour être l’inventeur de « l’unité d’habitation », expression d’une réflexion théorique sur le logement collectif visant à centraliser dans un même bâtiment logements, boutiques, équipements sportifs, lieux de rencontre…

Né en Suisse, puis naturalisé français, l’artiste a œuvré dans 12 pays et sur 4 continents. Sa renommée est internationale, et vous vous demandez peut-être, comme nous, pourquoi il  est allé se « se perdre » au fin fond de la Loire, à Firminy ?

 

Durant les années 50, Eugène Claudius – Petit, maire de Firminy, ancien Ministre de la Reconstruction, fait appel à des architectes pour construire des logements pour la population de Firminy, ville industrielle et minière. Parmi ces architectes : Le Corbusier, proche d’Eugène Claudius–Petit.

De ce projet naîtront ainsi plusieurs bâtiments, et le plus important ensemble urbain d’inspiration Le Corbusier en Europe…

 

 

 

Le Site Le Corbusier de Firminy

 

Le Site, situé dans le quartier de Firminy-Vert, est classé « patrimoine du XX ème siècle ». Il attire chaque année des visiteurs venus du monde entier ! Plusieurs espaces définissent cet ensemble :

• Une Maison de la Culture audacieuse, inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, avec son toit incurvé et sa façade inclinée à 53 degrés rythmée de pans ondulatoires. Il s’agit du seul bâtiment du Site achevé du vivant de l’architecte! Lieu de culture, comme son nom l’indique, ce dernier accueille au sein de ses différentes salles divers spectacles, une école de musique associative etc.
• Un stade et une piscine, également classés Monuments Historiques, le premier étant doté d’un terrain de football et d’une piste d’athlétisme, pour lier « culture du corps » et « culture de l’esprit ».
• Une Unité d’Habitation que nous avons eu la chance de découvrir et que je vous présente un peu plus en détails un peu plus bas.
• Une église, l’Eglise Saint-Pierre… certainement l’un des lieux les plus surprenants et insolites qu’il m’ait été donné de visiter !

 

L’Eglise Le Corbusier

 

Découvrir le Site Le Corbusier en visite guidée

 

La Maison de la Culture et l’église proposent des visites libres ou guidées. (Comptez environ 1h30 pour découvrir ces trois édifices).
L’Unité d’Habitation n’est quant à elle accessible que sur réservation, en compagnie d’un médiateur du site. La visite guidée dure environ 1h30 également.

Plus d’informations (horaires et tarifs) ici : https://sitelecorbusier.com/infos-pratiques/visites-guidees/ ou https://sitelecorbusier.com/infos-pratiques/tarifs-horaires-acces/

 

 

L’Eglise Le Corbusier

 

Désireux de ne pas survoler la découverte de ces sites de renommée mondiale, nous avons participé à une visite guidée de l’église qui, comment dire… ressemble à tout, sauf à un édifice religieux, et paraît même tirée d’un film de science-fiction ! Inaugurée en 2006 seulement, ma version revisitée par Le Corbusier ne suit effectivement pas les codes classiques, mais cherche pourtant, dans sa symbolique, à tendre les croyants vers l’élévation et à rendre hommage à Dieu.

De fait, le bâtiment rappelle un peu une pyramide. Aucune ouverture semble avoir été prévue dans ce bloc massif de béton, et pourtant… Cachés sous la gouttière, un nombre infini de petits trous répercutent la lumière à la manière d’un ciel étoilé à l’intérieur de la bâtisse, créant des ondulations les matins ensoleillés. Un silence religieux déroutant émerge de la partie haute, occupée par la nef avec 2 chapelles (la partie basse abrite un espace d’exposition)… L’acoustique n’y est pas moins impressionnante, avec 11 secondes d’écho !

 

 

 

Cette écriture très moderne des canons catholiques ne m’a pas vraiment parlé et j’ai plus eu l’impression d’arpenter une salle de spectacle qu’une église. J’ai cependant aimé découvrir la réflexion du Corbusier qui accompagne l’ouvrage, et cette architecture contemporaine bien différente de celles auxquelles nous sommes accoutumés !

 

 

 

L’unité d’habitation

 

 

Deuxième étape de notre passionnante visite guidée : l’unité d’habitation. Parmi les 5 unités d’habitation bâties dans le monde (Marseille et la Cité Radieuse, Rezé-les-Nantes, Briey-en-Forêt, Berlin), celle de Firminy est la dernière édifiée, et ne sera surtout jamais achevée.

Aussi appelée « Cité Radieuse », « Machine à habiter », « Ville Verticale », l’Unité d’habitation, créée après la Seconde Guerre Mondiale, constitue en quelque sorte une ville dans la ville. Le principe ? Combiner dans un même bâtiment logements et services et équipements collectifs nécessaires à la vie quotidienne, à la manière d’un village. Une idéologie un peu paternaliste qui n’est pas sans me rappeler l’utopie sociale de Godin à Guise, tout près de chez moi !

 

 

 

La découverte de cette unité d’habitation, en prolongement de celle de l’église, permet d’appréhender les grands principes de l’architecte : l’usage de béton et de verre, l’aspect artistique, l’exploitation de tous les espaces, la recherche de verdure et de lumière… Des idées d’emblée modernes, et toujours ancrées dans l’actualité.

Ici, à Firminy, 17 étages ou rues sont  ainsi répartis sur 7 étages…  Hein ? Je vous vois venir … « Mais qu’est-ce qu’elle raconte, celle-là ? » Promis, je n’ai pas perdu la tête ! Je vous avoue que sur le moment, j’avais un peu de mal à me figurer l’ensemble, mais la visite , de visu, m’a permis d’appréhender ce singulier procédé de duplex bâtis à la Tetris . 1600 habitants pouvaient  alors être accueillis à l’époque dans cette immense cité inspirée d’un paquebot… dans laquelle habitent encore près de 900 personnes.

 

Impossible de manquer l’édifice… et le bloc imposant qu’il constitue . Voyez un peu : 130 mètres de longueur, 21 mètres de largeur, et 56 mètres de hauteur !

 

 

En compagnie de notre guide, nous avons pu pénétrer dans le bâtiment et appréhender ses rues colorées, avant de franchir les portes de l’appartement- témoin qu’il renferme.  Ce dernier a conservé son mobilier d’origine, et nous a fort surpris avec ses systèmes coulissants permettant de moduler l’ensemble du logement, ou son système traversant est-ouest permettant de bénéficier d’un maximum d’ensoleillement .  Tout est d’origine, et permet de se plonger quelques décennies plus tôt.

 

 

Une école maternelle, d’inspiration Freinet et donc très avant-gardiste, a été bâtie sur les 2 derniers niveaux, et autant vous dire que son organisation a passionné les deux professeurs des écoles que nous sommes !

 

 

Aujourd’hui fermée, elle a accueilli pendant 30 ans les enfants de l’immeuble . L’ancienne cour de récréation, établie sur un toit-terrasse, offre une vue spectaculaire et à 360 ° sur les environs… Le petit clou de la visite ! (Je crois que par contre, j’aurais gardé l’œil très alerte lors des surveillances de récréation !)

 

 

Cela n’arrive que rarement, mais je suis sortie un peu silencieuse, plongée dans mes réflexions, analysant tout ce que j’avais appris. Il n’y a pas, ce type de visite m’emporte ! Je pense notamment à celles des appartements Perret au Havre ou du Familistère de Guise déjà évoquée plus haut !

 

 

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