[Cet article sur Douai fait suite à une collaboration avec l’Office de Tourisme de Douai. Je les remercie pour leur organisation et pour cette invitation qui n’entache en rien ma liberté éditoriale.]
Cela faisait un petit moment que je projetais de visiter Douai , depuis cet article d’Itinera Magica sur les fêtes de Gayant plus exactement, il y a trois ans ! J’ ai d’ailleurs, depuis, très envie d’assister à cet événement unique attendu par tous les douaisiens chaque année et dont je reparlerai un peu plus bas… Malheureusement, les week-ends de juillet sont souvent très prisés… Entre les escapades estivales (je vous ai déjà dit que l’été était ma saison préférée, autant vous dire que j’amortis chaque jour ensoleillé !) et les mariages, je n’en ai cependant encore jamais eu l’occasion. Mais cela viendra, il ne faut jamais désespérer ! ^^
La preuve, nous nous sommes enfin rendus à Douai cette année, et ce n’était pas gagné : nous n’étions pas disponibles pour la journée organisée avec notre collectif de Blogueurs Hdf , nous avons fini par caler une date et un programme avec Mélanie et Cécile de l’Office du tourisme, que nous avons ratée après l’avoir mal notée dans mon agenda… on ne s’improvise pas boulet ; c’est une vraie vocation chez moi ! Toute une expédition… Une heure de route à peine sépare pourtant la ville des Géants de chez moi, une peccadille ! Comme prévu, nous avons beaucoup apprécié cette ancienne cité drapante organisée autour de la Scarpe.
Bref, et puisqu’il est agréable de consacrer une journée -ou un week-end si vous venez de plus loin- nous à la découverte des richesses de Douai, voici quelques idées d’activités, testées et approuvées, à y mener.
À noter : vous pouvez prolonger votre séjour aux alentours de Douai, dans le territoire du Cœur d’Ostrevent présenté ici il y a quelques semaines.
Place d’armes
Montée au sommet du Beffroi de Douai
Qui dit Douai, dit Beffroi. Après avoir pris des forces en sirotant un énorme chocolat gourmand personnalisé chez Destination Café (92 rue de la mairie), qui propose au passage le meilleur café de la ville (mais nous n’en buvons pas), nous nous sommes lancés à l’assaut des 196 marches de cette immense tour communale édifiée au Moyen-Âge.
Je vous ai déjà présenté ici plusieurs beffrois, notamment ceux de Lille, Béthune, Arras, Bruges ou Tournai en Belgique … et expliqué le rôle multifonctions de ces impressionnantes bâtisses, centres névralgiques des grandes villes du nord de la France au Moyen-Âge, puisqu’ils servaient à la fois de tour de guet, de prison, d’hôtel de ville ou de clocher … Une carte située au rez-de-chaussée du Beffroi, permet d’étudier l’emplacement de ces derniers et de constater que dans les Hauts-de-France , 23 d’entre eux sont ainsi inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et qu’effectivement, finalement, nous en avons déjà gravi pas mal !
Malgré tout, jusqu’à présent, j’ai trouvé chacun d’entre eux unique en son genre, de par son histoire ou de par son architecture, et le beffroi gothique de Douai n’a pas fait exception à la règle. Du haut de ses 45m, il a su charmer un Victor Hugo de passage dans les villes du Nord et peu fan de celles qu’il avait jusqu’à présent visitées… Ce dernier en a non seulement réalisé un croquis mais a également écrit à son sujet :
« Il y a là le plus joli beffroi que j’aie encore vu. Figure-toi une tour gothique coiffée d’un toit d’ardoise, qui se compose d’une multitude de petites fenêtres coniques superposées ; sur chaque fenêtre une girouette, aux quatre coins, une tourelle ; sur la pointe du beffroi, un lion qui tourne avec un drapeau entre les pattes ; et de tout cet ensemble si amusant, si fou, si vivant, il sort un carillon. Dans chaque petite lucarne, on voit se démener une petite cloche qui fait rage comme une langue dans une gueule. J’ai dessiné cette tour, et quand je regarde mon dessin, il me semble encore entendre ce joyeux carillon qui s’en échappait comme la vapeur naturelle de cet amas de clochetons. »
Quelle plus belle description que ces mots d’un prodige de la littérature française ? Une belle introduction en la matière…
N’ayant donc plus besoin de vous vanter sa beauté, revenons donc à ses escaliers ! Avant de nous y engager en compagnie de notre guide (le Beffroi ne se découvre qu’en visite guidée), nous avons pu observer une reproduction version géante de la maquette exposée au musée de la Chartreuse, qui permet, en quelques instants, d’appréhender l’histoire de Douai , son rôle économique et prépondérant au Moyen Âge et l’importance, alors, de la Scarpe, artère vitale pour le commerce et les échanges de marchandises. La ville réputée pour sa draperie florissante, sa production de grains, et sa situation parfaite, était d’ailleurs très convoitée et disputée par la France, l’Espagne, et les Pays-Bas. Il a donc été nécessaire d’y établir des fortifications, dont il reste quelques vestiges aujourd’hui : la porte de Valenciennes, la porte d’Arras , et la Tour des Dames …
La montée n’est pas très difficile, plusieurs paliers permettent de faire une pause et reprendre son souffle^^, tout en observant les techniques déployées il y a quelques siècles pour monter les cloches du carillon au sommet du beffroi. La plus grande d’entre elles, Joyeuse, un bourdon de quelques 5 500kg, nous a laissés bouche bée. D’ailleurs, en parlant de carillon… Saviez-vous que celui du Beffroi de Douai est une vraie star ? Promis, je n’exagère pas. Des millions de Français ont en effet pu l’apercevoir dans le célèbre film de Dany Boon : « Bienvenue chez les ch’tis ». L’action se déroule à Bergues, mais c’est bien à Douai qu’elle a été tournée !(Encore une bonne raison de filer le visiter !)
En chemin, notre guide nous a fait emprunter un petit passage secret menant à la salle du Conseil Municipal, autrefois salle du conseil des échevins. Celle-ci, ornementée de fresques retraçant l’histoire de Douai, est un petit bijou !
Bref, vous l’aurez compris, la visite du beffroi de Douai nous a conquis. De là-haut, le panorama à 360° sur la ville est incroyable, bien qu’il ne soit observable qu’à travers quelques petites fenêtres, ce qui est un peu décevant.
A 10h30, 11h30, à 15h et 16h30 tous les jours sauf lundi matin. Visite supplémentaire à 17h30 en juillet et août.
Fermé le matin en janvier.
Rendez-vous: rue de la mairie – Douai
Tarifs : 6 € / 4 € (réduit). Gratuit jusqu’à 5 ans
Visite du musée de la Chartreuse
Le temps ayant été quelque peu aléatoire le jour de notre visite de Douai, nous avons dû adapter notre programme en fonction. Aussi avons-nous jugé plus sage de ne pas réserver de visite de la ville en vélo (le City Bike Tour d’une durée de 2h avec l’Office de Tourisme), et de décaler notre petite balade en barque électrique…
Place d’armes
Nous n’avions pas prévu de faire un détour par le musée de la Chartreuse . L’exposition sur la bière et le houblon alors présentée nous intéressait pourtant, mais en été, nous privilégions tout de même les visites extérieures. Le déluge survenu à l’improviste ce jour-là nous a contraints à changer nos plans et à finalement prendre la direction de ce musée d’art installé dans l’ancien couvent des Chartreux.
Le lieu rassemble près de 10 000 œuvres issues de différentes écoles de peinture flamande, italienne, française… dont certaines signées de grands noms (Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Camille Pissarro…) J’ai particulièrement apprécié la salle des sculptures de la chapelle restaurée : les œuvres sont sublimées par ce cadre lumineux et épuré ! Il faut dire que dans toutes les salles du musée, la mise en scène est très soignée… Ce petit musée (par la taille) a tout d’un grand !
Nous avons trouvé l’exposition sur la bière riche en éléments et très intéressante, mais je pense qu’il est plus intéressant de l’arpenter avec un guide comme j’ai pu le lire sur les différents blogs nous de nos compagnons BlogueursHdF.
Ouvert tous les jours, de 10h à 12h et de 14h à 18h, sauf le mardi
Fermé les 1er janvier, 1er mai, Jeudi de l’Ascension, 14 juillet, 15 août, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre
130 rue des Chartreux- 59500 Douai
Tarif plein : 4,70 € / TR : 2,35 €
Cour d’honneur et Beffroi, Douai
Une balade en bateau électrique sur la Scarpe
Heureusement, en été , la pluie ne s’éternise pas, et nous avons poursuivi l’après-midi, certes sous un ciel grisâtre, mais au sec, sur un petit bateau-promenade…
Le départ se fait au pied de l’ancien Parlement de Flandres, aujourd’hui reconverti en Palais de Justice , et qui est certainement l’un des plus beaux et des plus imposants monuments de la ville. C’est ici que vous pourrez visiter les anciennes cellules réservées aux prisonniers, découvrir leurs conditions de détention, entassés derrière une porte d’une épaisseur inimaginable, et apprendre quelques anecdotes sur le célèbre Vidocq qui y a été emprisonné… et s’en est échappé à plusieurs reprises !
La balade au fil de l’eau est agréable et reposante, troublée par le seul chant des oiseaux et le ronronnement de notre petite barque électrique. Elle permet d’appréhender durant 30 minutes, au travers des anciennes façades et bâtiments rencontrés, l’histoire de Douai et le rôle essentiel joué par la Scarpe au cours des siècles, tant dans le développement de la cité que sur le plan commercial. J’ai évoqué plus haut la prospérité de sa draperie, mais elle a pu assister quelques siècles plus tard, au développement de sa tannerie.
Notre guide a ponctué ses commentaires d’anecdotes plus intéressantes les unes que les autres sur la faune, la flore, l’entretien du canal et son évolution au cours des siècles, l’architecture des maisons… tant et si bien que nous n’avons pas vu les 30 minutes passer ! Nous recommandons sans hésiter.
Balade le week-end et jours fériés en mai, juin et septembre. Du mercredi au dimanche en juillet et août. Jours fériés inclus.
De 15h à 18h30.
10 personnes par bateau maximum.
Durée : 30 minutes.
RDV : Embarcadère du Palais de Justice, place Charles de Pollinchove à Douai.
Tarif: : 6 € – Tarif réduit : 4 €
Infos et réservations : 03 27 88 26 79
Un goûter chez les Gayant
Ah ! La famille Gayant ! Une icône à Douai ! Je l’ai évoqué plus haut, mais non vous ne pourrez passer quelques heures à Douai sans qu’ils ne soient mentionnés devant vous ! Tout le monde les évoque, mais pour les voir, il faudra ou vous armer de patience jusqu’à l’été prochain, ou, comme nous, ruser et vous faire inviter dans leur antre pour le goûter.
Voilà près de cinq siècles que ces Gayant (géants en picard) veillent sur la ville. Cette famille bienveillante, qui symbolise à l’origine la victoire des douaisiens sur les troupes royales françaises, est pourtant plutôt discrète… Elle ne sort qu’une fois par an, à l’occasion des fêtes éponymes, chaque année le dimanche qui suit le 5 juillet. Elle sillonne alors durant trois jours les rues de la ville au son des tambours et sous les applaudissements de milliers de participants. Les fêtes de Gayant sont mythiques dans le Nord, et constitue l’un des événements les plus attendus chaque année. Comme je vous l’ai dit en introduction, je rêve quant à moi d’y assister, et après les avoir rencontrés cette année, je vais tâcher d’y remédier en 2020.
La famille aujourd’hui classée au patrimoine immatériel et oral de l’Humanité par l’Unesco, se compose de cinq personnes : Monsieur et Madame, et leurs enfants : Jacquot, Fillon, et le très populaire Binbin. La visite permet de les approcher de plus près, au calme, et de les observer sous toutes leurs coutures ! Tout un tas de légendes et de petites histoires circulent autour de ces derniers. Il ne faudra par exemple pas vous étonner de voir les enfants se jeter sur Binbin (le plus jeune, atteint de strabisme) pour l’embrasser et devenir ainsi de vrais douaisiens !
Ces géants d’osier, aux dimensions vertigineuses (à titre d’exemple, Monsieur Gayant mesure 8,50 m de hauteur et pèse 370 kg), sont portés chaque année par un à plusieurs hommes. Oui, ce véritable honneur, qui se transmet de père en fils, est quelque peu machiste.
Les commentaires de la guide amènent à appréhender les coulisses de la fête, et à noter tout un tas de détails sur les costumes des géants, leur morphologie, leurs cheveux… Nous avons également pu nous glisser sous leurs jupes pour constater la rudesse et la rigueur de la tâche des porteurs.
J’ai apprécié passer de l’autre côté du miroir, en observer sa face cachée, l’envers du décor.
Je dois avouer qu’à la fin, la visite nous a tout de même paru un peu longuette, les dernières minutes étant plus libres pour laisser chacun se mettre tour à tour à la place des porteurs puis se photographier avec les géants… ce qui s’adresse tout de même plus aux enfants. Une douzaine d’entre nous accompagnait, justement.
Et puis, je pense que l’appel du sucre se faisait sentir ! L’heure du goûter, c’est sacré !
Visites tous les mercredis , l’été, à 15h et 16h30.
Durée : 1h30
RDV : Maison des Géants Rue de Lambres à Douai
Tarif plein : 7€ – Tarif réduit : 5€
Forfait famille (2 adultes + 2 enfants) : 22€ – Gratuit jusque 2 ans.
Infos et réservations : 03 27 88 26 79
Et aussi à Douai :
Une journée c’est bien trop court pour appréhender une ville au passé si chargé au travers de vraies visites, accompagnées de personnes que nous avons trouvé toutes plus passionnées les unes que les autres. Je pense que nous retournerons prochainement à Douai, et que cette fois-ci la météo sera avec nous 😉 ! Lors de votre journée/week-end sur place, vous pouvez également planifier :
- De participer au jeu de piste autour des brasseurs proposé par l’office de tourisme à certaines périodes de l’année.
- Une croisière commentée au cœur du Douaisis sur le bateau Eurêka. Cette dernière dure d’1h30 à six heures et se déclinent en croisières commentées, croisières musicales, croisières repas…
- Nous avons visité Douai à notre rythme, tranquillement, en marchant, mais il est également possible d’y déambuler en vélo électrique, ou de prolonger son séjour en pédalant le long de la Scarpe pour apprécier les paysages miniers et leurs reconversions.
- De même, pour des circuits insolites, pouvait préserver un bus vintage, ou alors arpenter la ville avec 12 autres compagnons en « Drôle de bike » !
- L’office de tourisme propose également des visites découvertes sur des thèmes spécifiques, comme par exemple « Douai au temps du Roi Soleil », les façades de la ville… ou des lieux bien précis : les ruelles anciennes, le cimetière principal…
J’espère vous avoir donné à votre tour envie de filer vous perdre au cœur de la pétillante, vertigineuse et douce Douai, je n’ai pour ma part pas été déçue de ce qui m’y attendait et ai hâte d’approfondir mes découvertes de la ville et de ses environs !
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1 Commentaires
Douai fait partie des villes éternelles. Douai est donc éternelle mais en abandonnant notre âme, la beauté, les joies de l’ émerveillement s’ estompent en nous pour céder aux attraits des images virtuelles ou fugitives que nous imposent les écrans, la vitesse omniprésente… l’ éphémère.
Douai n’ est que charme, alors, comment ne pas l’ aimer? Tous ceux qui nous ont précédés ont laissé l’ empreinte de leur amour en elle; leurs guerres, leurs luttes, leurs joies, leur humanité sont inscrites dans chaque pierre, sur chaque seuil, sur chaque édifice de la romantique cité médiévale; cet amour semble envelopper Douai, veiller sur elle comme la Scarpe, son artère de vie, la berce depuis toujours et nous invite à croire à l’ éternelle beauté des choses. Nous nous devons de préserver la « Venise du Nord », ce patrimoine exceptionnel, cette perle rare que porte, dans son enceinte, Douai l’ éternelle.
Max Régnier. Aniche
Max Régnier. Villeneuve de la Raho